
Chief Marketing Officer
Tessi France
Eric Jamet dirige le marketing chez Tessi, acteur européen de l’optimisation et la numérisation des processus métiers. Il aborde ici les possibilités apportées par l’IA générative dans le domaine de la lutte contre la fraude dans le secteur de l’assurance.
INNOVATION ASSURANCE : Comment évolue la fraude à l’assurance, à la fois en termes d’ampleur et de complexité ?
Eric Jamet : Le constat qui ressort de notre Observatoire dédié de la fraude documentaire est que le secteur de l’assurance est très exposé. En 2023, la fraude se mesure à hauteur de près de 695 millions d’euros, en croissance de plus de 18%. Le gros de la fraude est occasionné sur l’assurance IARD, mais l’assurance vie et l’assurance santé/prévoyance sont touchées aussi, cette dernière avec la plus forte croissance, +50%.
Par ailleurs, ce qui apparaît de manière flagrante c’est que la fraude documentaire est le principal vecteur, et les méthodes utilisées par les fraudeurs se sophistiquent. L’étude Next Content/Tessi montre ainsi que 20% des personnes interrogées assument avoir déjà fraudé, et parmi elles, 31% ont utilisé des outils d’IA générative et 30% des sites spécialisés dans la production de faux documents.
Quels sont alors les leviers permis aujourd’hui par la technologie pour lutter efficacement, quelles IA pour lutter contre l’IA en somme ?
La réponse passe par la conjugaison de plusieurs leviers : d’abord l’automatisation et de ce point de vue, les nouveaux outils permettent désormais d’évaluer structurellement un document, par exemple un PDF, pour vérifier s’il a été composé dans des conditions normales. Par ailleurs, on peut disposer aussi d’indicateurs de fraude avérée en analysant graphiquement le document, identifiant des retouches d’image manifestes, ou des particularités trafiquées comme de fausses déchirures. Cette automatisation se complète également par une veille active, et chez Tessi, en tant qu’acteur du processus métier depuis très longtemps, nous sommes capables d’organiser une stratégie de veille basée sur un corpus de contrôle qui enrichit en permanence la pertinence des outils.
Autre moyen de lutte, la sécurisation des parcours digitaux : dans le cadre d’une souscription par exemple, en plus de collecter des documents, on valide aussi des éléments liés à l’identité, et on met en œuvre une capacité à garantir celle-ci par un service numérique de confiance. Aujourd’hui, la vérification d’identité à distance par biométrie faciale est d’ores et déjà reconnue comme un équivalent à la vérification en face à face. Demain, les possibilités seront encore plus riches avec l’identité numérique à la source liée notamment aux nouvelles cartes d’identité. Ce sont d’ailleurs ces évolutions qui permettent aujourd’hui de voir la signature électronique qualifiée se déployer de plus en plus, présentant un gage de sécurité supérieur par rapport à la signature électronique simple.
Tout cela ne complexifie t-il pas l’expérience client à l’excès ?
Non, contrairement à ce que l’on peut penser, on peut garantir un niveau de contrôle exigeant tout en maintenant un temps total très court : un parcours de souscription avec signature électronique qualifiée peut ainsi ne pas durer plus de 3 minutes, tout en reposant sur des technologies sécurisées et, de surcroît, sur des infrastructures de confiance souveraines. La technologie, au delà d’être plus précise, permet aussi d’aller plus vite et de traiter plus effficacement de grandes quantités de documents. Les nouveaux outils d’extractions, pour ne citer qu’eux, permettent d’atteindre un niveau d’automatisation de 85 à 90% en moyenne, réduisant le temps lié aux vérifications manuelles ou libérant du temps pour des vérifications encore plus pointues si nécessaire.
Comment tout cela peut-il se mettre en place chez un client assureur ?
Deux grands cas de figure existent : le client qui souhaite opérer par lui-même sur son propre parcours, auquel cas Tessi, en tant qu’éditeur les solutions et les intègre avec le SI du client. Autre cas : l’externalisation complète où des agents experts Tessi opèrent pour le compte du client sur la plateforme digitale fournie. Prenons l’exemple du processus obligatoire de remédiation du dossier d’un client : Tessi organise ainsi pour le client assureur, via ses plateformes, les opérations de collecte des pièces et de contrôle des dossiers et va même jusqu’à déployer des services de back office où des opérateurs experts, augmentés par l’IA, opèrent le suivi d’alertes ou encore le screening de clients.
Nous sommes convaincus que la technologie a elle toute seule ne résoudra pas 100% des cas mais tout l’intérêt réside dans l’expertise humaine augmentée grâce à la tech, sachant que cela marche aussi dans l’autre sens : comme je l’évoquais plus haut, la veille active permet aussi à l’humain de rendre la technologie plus pertinente suivant les contexte métiers.
Retrouvez en vidéo l’intervention d’Eric Jamet sur la lutte contre la fraude dans le cadre de l’événement INNOVATION ASSURANCE 2025 le 30 janvier dernier.
Eric Jamet interviendra également sur le thème « Optimisation et automatisation des processus bancaires : bien exploiter les avancées de l’IA générative » lors de l’événement IN BANQUE 2025 le 19 juin à Paris.