Guidewire est éditeur de logiciels et solutions Cloud pour l’assurance. Patrick Soulignac, Principal Solution Consultant, explique comment l’IA participe de la proposition de valeur proposée par l’entreprise.
INNOVATION ASSURANCE : Comment Guidewire utilise l’IA dans ses produits et solutions ?
Patrick Soulignac : Nous sommes un spécialiste de l’assurance IARD (ndlr: Incendies, Accidents et Risques Divers), présent en France depuis 2009, et proposons notamment une plate-forme de modélisation IA à nos clients. Cette plate-forme fournit différents modèles d’IA, nos propres modèles mais aussi ceux de tiers en utilisant des connecteurs, et de permettre au client de concrétiser son propre modèle.
L’objectif est de s’appuyer sur les processus et données existants pour faciliter l’automatisation des prises de décision par les gestionnaires, que nous appelons dès lors des gestionnaires augmentés, sur la base d’évaluations intelligentes. L’une de nos forces est de proposer une interface no code d’intégration qui permet à un projet de se réaliser potentiellement en quelques semaines.
Quels sont les cas d’usage les plus courants ?
Pour nos clients, ce sont des opérations comme le triage des sinistres, l’évaluation des risques d’aggravation ou des risques de pertes de souscriptions par exemple, mais véritablement ce qui détermine le besoin dépend des lignes métiers. J’aurai l’occasion de détailler cet aspect lors du débat auquel je participe dans le cadre d’Innovation Assurance 2024 le 8 février.
Quels sont les écueils à éviter, voire les dangers, d’un projet IA, notamment si on parle d’IA générative ?
Il faut être très attentif à l’aspect éthique de l’IA, et nous le sommes : d’abord en étant transparent dans la transcription des résultats fournis par l’IA, afin que l’humain puisse connaître les paramètres sur lesquels le modèle a travaillé, et éventuellement les corriger s’il subsiste une incertitude. Ensuite en veillant au respect de la vie privée des assurés : bien sûr l’utilisateur n’est pas toujours conscient que l’IA est en jeu, mais il n’en demeure pas moins que l’IA introduit des risques de fuite de données personnelles.
L’IA générative, notamment, ne fait pas naturellement le tri entre données personnelles et autres données, car elle manipule des informations essentiellement non structurées. C’est pourquoi Guidewire développe une brique de sécurisation de l’IA générative – un peu l’équivalent de l’interface no code que j’évoquais plus haut pour les projets d’IA dits classiques – qui permet à l’assureur de rester en contrôle. Là où fondamentalement l’IA classique discute avec des processus, l’IA générative discute avec des humains.
Qu’est ce que l’IA générative peut changer en matière d’offre, de produits d’assurance ?
Aujourd’hui le retour sur l’IA générative est encore limité, mais de nombreuses expérimentations en matière d’analyse de documents complexes ont été d’ores et déjà menées, qui permettent de penser à des apports dans la restitution d’informations sur les sinistres, ou encore l’actuariat. L’IA générative va pousser encore plus loin les avancées de l’IA classique, dont les capacités actuelles de modélisation fine et sur mesure étaient déjà inimaginables il y a quelques années.
Mais les modèles s’usent et les assureurs doivent s’adapter assez vite. C’est là où la notion de plateforme de modélisation, qui est notre proposition de valeur, prend tout son sens. Un autre aspect intéressant est l’A/B testing sur les processus : si l’on souhaite un éclairage pour les gestionnaires et les souscripteurs, il est possible de déployer sur un périmètre restreint afin d’avoir un retour sur l’usage et améliorer la confiance des utilisateurs. Maîtriser les modèles d’IA, qu’ils ne soient pas des boites noires, est essentiel.
Patrick Soulignac interviendra lors de l’événement Innovation Assurance le 8 février 2024 à Paris, au sein du débat autour de l’IA générative dans l’assurance.