
Face aux attentes grandissantes des assurés et à l’évolution rapide des usages, MetLife France mise sur la data, l’innovation et l’accompagnement des courtiers. Agnès Bruhat, sa directrice générale, détaille les axes majeurs de développement et les avancées récentes de l’entreprise.
INNOVATION ASSURANCE : Pouvez-vous rappeler le positionnement de MetLife et son implantation en France ?
Agnès Bruhat : MetLife est un groupe américain qui existe depuis plus de 150 ans et est présent dans une quarantaine de pays. Il est leader sur de nombreux marchés, notamment aux États-Unis, au Japon, en Corée ou encore en Amérique latine. MetLife est établi en France depuis plus de 50 ans et y réalise environ 200 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Historiquement, nous étions surtout connus pour l’assurance emprunteur. Aujourd’hui encore, nous sommes le cinquième assureur alternatif sur ce marché, largement dominé par les banques-assureurs. Mais nous avons enclenché depuis plusieurs années une stratégie de diversification, exclusivement orientée vers la prévoyance individuelle (nous ne faisons pas d’épargne).
Cette diversification nous a notamment conduits à développer la prévoyance pour les dirigeants et les travailleurs non-salariés (TNS), des populations très mal protégées par leurs régimes obligatoires. Nos baromètres réalisés avec CSA montrent que seuls 45 % des TNS disposent d’une couverture de prévoyance complémentaire : le potentiel est donc considérable.
Nous nous développons également sur l’assurance affinitaire (notamment dans l’énergie avec TotalEnergies et Veolia) et l’assurance embarquée, proposée directement dans le parcours client de partenaires. En parallèle, nous proposons des produits de prévoyance « de poche » (obsèques, hospitalisation, accidents) via des parcours entièrement digitaux.
MetLife France recense 185 collaborateurs : il s’agit donc d’une structure agile, presque une PME dans un grand groupe, capable de gérer des risques complexes, des capitaux élevés (jusqu’à cinquante millions d’euros en décès), des âges avancés ou des risques aggravés. Et nous distribuons essentiellement nos produits via le courtage indépendant.
Quel rôle jouent la data et l’intelligence artificielle dans vos évolutions récentes ?
La data occupe une place centrale, notamment pour améliorer nos parcours de souscription. Nos questionnaires de santé sont désormais entièrement digitaux et dynamiques : les questions s’adaptent automatiquement aux réponses de l’assuré, permettant dans la plupart des cas de finaliser la souscription sans examens médicaux, y compris pour certaines pathologies comme le diabète de type 1 lorsqu’il est maitrisé.
Nous analysons en continu les données issues de ces parcours, ce qui nous permet de comprendre pourquoi certains dossiers sortent du flux digital et d’ajuster les règles pour réduire ces frictions. C’est un travail combinant avancées médicales, expérience du portefeuille et analyse des données.
L’IA, pour l’instant, intervient sur l’optimisation des leads, du SEO et du trafic web, mais aussi et surtout sur le service (et non sur le produit en lui-même) : reconnaissance de documents médicaux actuellement à l’exploration, aide à la détection de fraude, nous utilisons également la robotique (RPA : Robotic Process Automation) pour l’automatisation de tâches sans valeur ajoutée … Cela libère du temps pour nos équipes, qui peuvent davantage se consacrer à l’accompagnement des assurés, par exemple en situation de sinistre.
Votre modèle repose sur l’intermédiation. Comment accompagnez-vous les assurés et vos courtiers dans un contexte de plus grande complexité ?
Effectivement, notre principal interlocuteur reste le courtier. C’est lui qui conseille l’assuré, et notre rôle est de lui fournir tous les outils nécessaires : supports pédagogiques, parcours fluides, webinars, événements, tours de France, accompagnement par nos inspecteurs (35 sur tout le territoire).
Nous communiquons davantage aussi avec nos assurés, notamment les entrepreneurs, par l’envoi d’e-mails expliquant les services inclus dans leur contrat. Et nous avons engagé un travail de fond sur la clarté de nos documents contractuels, un chantier porté par nos « customer champions ». Des progrès restent à faire, mais c’est un objectif prioritaire.
Concernant le contexte économique, nos enjeux diffèrent de ceux de l’assurance dommages, confrontée aux catastrophes naturelles ou aux hausses des coûts de réparation. Notre principal défi est la pédagogie auprès des dirigeants et TNS : beaucoup ignorent l’insuffisance de leur régime obligatoire. En cas d’arrêt de travail ou d’invalidité, les montants versés peuvent être très faibles. Notre message est simple : sans prévoyance complémentaire, leur protection est dérisoire au regard de leur revenu. D’autant que lorsque nous ajustons nos tarifs, c’est parfois à la baisse, pour mieux refléter la réalité de certaines professions.
Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler spécifiquement sur l’endométriose et à développer une grille d’analyse dédiée ?
Nous avons récemment conçu une grille d’analyse dédiée aux femmes souffrant d’endométriose, une pathologie qui touche environ 10 % des femmes en âge de procréer selon l’OMS, et dont le diagnostic reste complexe. Beaucoup d’assureurs adoptent une approche conservatrice, entraînant des exclusions importantes dans les garanties arrêt de travail ou invalidité.
Grâce à la combinaison de nos connaissances médicales, de la data, de nos retours d’expérience en France et dans les 40 pays où nous opérons, nous avons pu affiner nos critères. Résultat : dans de nombreux cas, les exclusions sont limitées, voire supprimées, et nous diminuons également le nombre de refus. Nous considérons cela comme une véritable avancée.
Agnès Bruhat interviendra lors de la session « Anticiper et prévenir les risques : focus Santé / Prévention » de la conférence Innovation Assurance 2026 le 29 janvier à Paris.
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