Addactis est un éditeur de solutions logicielles pour le secteur de l’assurance et se positionne comme une RiskTech. Explications avec Guillaume Rosolek, Head of Pricing & Analytics P&C.
INNOVATION ASSURANCE : Comment les avancées dans l’IA permettent d’affiner les garanties et de couvrir de nouveaux risques et usages ?
Guillaume Rosolek : On est effectivement passé, dans l’appréhension et la modélisation des risques, de l’usage de modèles simples il y a une quinzaine d’années à du machine learning sophistiqué aujourd’hui. Mais au-delà du modèle, la quantité et la qualité des données qui les alimentent sont cruciales. A ce titre, l’Open Data a par exemple permis d’avoir accès à de l’information qu’on ne récupérait pas auparavant et qui vient couvrir une zone de connaissance qu’on n’avait pas encore.
Par ailleurs, et j’insiste aussi beaucoup là-dessus, il faut s’inscrire, lorsqu’on propose comme nous le faisons des outils d’évaluation des risques et d’aide à la tarification de ces derniers, dans une logique de forte compréhension métier et disposer de garde-fous. Ainsi, dans le contexte du modèle d’assurance français qui est un très bon modèle, l’idée est que la compréhension accrue du risque ne soit pas réinjectée uniquement dans le tarif mais aussi dans la prévention, car la première préoccupation des assureurs est bien sûr que le risque ne se réalise pas. Et la prévention s’opère non seulement à la souscription, mais aussi en aval sous forme de conseils personnalisés.
Quels sont les leviers pour maintenir l’assurabilité, par exemple du parc immobilier dans le cadre du développement de risques climatiques ?
Il est vrai que la menace climatique induit une variable d’incertitude bien plus importante que, par exemple, le risque d’accidents qui peut-être évalué avec beaucoup plus de précision. Cela crée une forte volatilité dans les résultats de l’assureur : ce type de risques coûte en général de plus en plus cher aux assureurs, il est donc nécessaire de mieux le connaître.
Pour cela, il faut bien sûr distinguer les types de périls : catastrophe naturelle ou élément naturel, qui ne ressortent pas du même régime dans la prise en charge par l’État. Et, pour chaque péril, il faut également distinguer non seulement l’exposition au risque qui dépend de la localisation, mais aussi savoir évaluer la vulnérabilité du bâti, les deux aspects n’étant pas forcément corrélés. Ce dernier point implique une connaissance fine du bâtiment.
Enfin, il faut une capacité à se projeter, et la compréhension de la transformation du territoire est une partie intégrante des études.
Comment chez Addactis répondez-vous à ces problématiques ?
Addactis a un positionnement hybride mêlant conseil et expertise de pointe en modélisation des risques mais aussi éditeur de logiciels en mode SaaS, des solutions de back-office pour les actuaires mais aussi des outils pour le front-office.
Nous avons réalisé la cartographie des 35 millions de bâtiments en France que nous avons réalisée. Cette base de données permet, pour chaque bâtiment, d’être qualifié sur la base d’environ 250 critères qui sont utiles non seulement pour le risque climatique mais aussi pour des risques plus communs comme les dégâts des eaux. J’aurai l’occasion d’en parler plus avant lors de mon intervention le 30 janvier dans le cadre d’Innovation Assurance, mais cet outil permet en particulier de simplifier les parcours clients. Là où, auparavant, de nombreuses questions étaient posés à l’assuré, l’accès à l’information contenue dans notre base permet de raccourcir grandement le formulaire proposé au futur souscripteur.
Nous concevons notre rôle comme celui d’un mutualiste de l’expertise. Dans nos équipes figurent non seulement des actuaires, mais aussi des climatologues, des spécialistes de l’IA et de la data. Et nos clients peuvent tout aussi bien faire appel à nous pour des projets long terme de bout en bout que pour des cas d’usage beaucoup plus précis et quasi instantanés, comme des outils d’alerting basés sur l’exploitation de nos données. Cette connaissance fine permet de mieux piloter.
Guillaume Rosolek interviendra sur le sujet « Nouveaux risques, nouveaux services : focus environnement / climat » dans le cadre de la conférence Innovation Assurance 2025 le 30 janvier 2025.