
Shift Technology propose depuis 12 ans des solutions d’IA pour le secteur de l’assurance. Benoît Legros, VP EMEA & Asie, explique le positionnement de l’entreprise et sa vision des enjeux de l’IA.
INNOVATION ASSURANCE : Quels types d’assureurs accompagne Shift Technology et comment ?
Benoît Legros : Nous travaillons avec des assureurs majeurs comme par exemple Axa, Generali, des mutuelles comme la Macif, Covéa… Nous sommes par ailleurs très internationaux depuis le début. Notre siège est basé à Paris, mais Shift compte environ 600 collaborateurs répartis en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Cette présence mondiale nous permet d’accompagner des assureurs français et internationaux et de capitaliser sur des retours terrains très variés.
Notre métier consiste à fournir les meilleures briques technologiques pour les agents de nos clients, de manière à répondre à leurs besoins de gains de productivité et d’automatisation. Nos briques IA sont variées : machine learning, IA prédictive, Gen AI, IA agentique… Elles ont chacune un rôle clair et permettent de détecter des signaux faibles, d’automatiser des tâches répétitives et d’aider les gestionnaires à prendre plus rapidement les bonnes décisions pour des cas d’usages liés notamment à la gestion des sinistres, à la lutte contre la fraude.
Notre solution est une plate-forme que nous adaptons en permanence, et surtout que nous ajustons en fonction des demandes des assureurs, de leurs profils – assureurs mutualistes, assureurs internationaux, etc. La plate-forme repose sur un cœur technologique issu de notre R&D.
Comment se déroule un projet ?
Il commence par une phase de configuration, où nos équipes de data scientists analysent les données disponibles, comprennent comment ont été gérés les sinistres, modélisent des briques adaptées au contexte et aux enjeux. Leurs travaux produisent des IA explicables, car il n’est pas question d’une IA boite noire où l’on ne sait pas quelles décisions sont prises et pourquoi. Cette explicabilité est indispensable, elle garantit la conformité réglementaire et facilite l’adhésion des équipes sinistres qui doivent comprendre comment une recommandation est construite et pourquoi un dossier est priorisé.
Cette phase qui dure quelques mois se complète d’une validation humaine, ensuite la mise en production s’établit, avec une collaboration humain/IA. J’ajouterai que nous sommes particulièrement attentifs à la notion de contrôle et même de maîtrise de l’IA. Nous travaillons avec la pleine conscience des enjeux réglementaires, de sécurité, de souveraineté et d’autonomie.
Jusqu’à quel point peut-on accélérer la prise en charge des sinistres ?
L’enjeu, ce sont les sinistres complexes. Il est déjà parfaitement possible d’automatiser à 100% des déclarations de sinistre simples, comme par exemple un dégât des eaux. En quelques clics depuis une application, la proposition de remboursement est validée. Mais quand il s’agit notamment d’assurance prévoyance, d’événement climatique, ce type de processus ne peut se gérer en une seule fois par nature : il y a une véritable complexité de traitement en back-office, impliquant parfois des personnes différentes y compris entre le début et la fin, et notre solution, notre accompagnement, vise à diminuer cette complexité pour mieux servir les assurés, par des automatismes mais pas seulement. J’aurai l’occasion d’y revenir lors de mon intervention le 29 janvier dans le cadre de la conférence Innovation Assurance 2026.
Comment résoudre le problème croissant de la fraude toutefois ?
L’augmentation de celle-ci est due certes à une hausse des pratiques malveillantes, notamment parce que frauder est devenu plus simple, mais aussi par le fait que la fraude est mieux détectée qu’avant. Ceci dit, si aujourd’hui l’IA peut produire de faux documents, des fausses photos aux fausses identités, l’IA est aussi d’un l’autre côté capable, en croisant sur des volumes de données importants de repérer des similarités suspectes. D’ailleurs, l’IA délivre toujours un niveau de suspicion : en matière de fraude, l’humain valide toujours.
Comment l’agentique va venir s’insérer dans l’expérience client ?
La capacité de l’IA à aider le gestionnaire à prioriser, puis produire une réponse plus rapide, aura une influence positive sur l’expérience in fine. Maintenant la possibilité de passer par des bots pour ses déclarations de sinistre est déjà en production chez un certain nombre d’assureurs, mais je veux insister sur l’importance de la transformation globale : l’IA s’insère dans une chaîne de production complète. C’est aussi un sujet sur lequel je reviendrais le 29 janvier.
Benoît Legros interviendra sur le sujet « Gestion des sinistres : impact IA sur le renforcement du service des assurés et l’efficacité des opérations d’indemnisation » dans le cadre de la conférence Innovation Assurance 2026 le 29 janvier à Paris.
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