
Eric Mignot dirige +Simple, plate-forme assurtech de distribution de produits d’assurance à destination des professionnels. Il est aussi membre du conseil d’administration de l’association France FinTech, dont la mission est de promouvoir et représenter les fintechs françaises. Nous l’avons rencontré pour comprendre les dynamiques entre acteurs traditionnels de l’assurance et start-ups innovantes du secteur.
INNOVATION ASSURANCE : En 2024, les fintechs se portaient plutôt mieux que d’autres segments de la French Tech. Est-ce toujours le cas en 2025 ?
Eric Mignot : Globalement, la fintech française est assez résiliente, et ce dans un environnement pourtant chahuté. Nos entreprises innovantes dans les secteurs de la banque, de la finance et de l’assurance sont de plus en plus rentables, et forment un écosystème qui nous place devant l’Allemagne par exemple, et pas très loin du Royaume-Uni. C’est aussi un secteur qui a un réel impact sur la vie des gens, avec une adoption de plus en plus large.
Comment l’assurtech se compare aux autres fintechs ?
Incontestablement, il se passe quelque chose dans l’assurtech. L’assurance est traditionnellement un secteur très centré sur le produit, avec un discours assez technique, et l’une des grandes évolutions que l’on constate consiste à se rapprocher du consommateur. Les acteurs établis, inquiets dans un premier temps, puis prudents, collaborent de plus en plus avec les assurtechs qu’ils voient comme des opportunités d’aller plus vite.
Quelles sont les priorités 2026 de France FinTech et votre rôle en particulier ?
En ce moment le règlement FiDA (ndlr : Financial Data Access), proposé par la Commission européenne, est un sujet majeur. Sur l’Open Finance, les avis divergent encore entre acteurs traditionnels et fintechs. L’IA est bien sûr aussi un élément central d’évolution. J’ajouterai la gestion des paiements, au croisement des fintechs et des assurtechs. Ces enjeux seront d’ailleurs abordés lors de notre événement annuel – FinTech R:Evolution – le mercredi 1er avril 2026.
Plus largement, la technologie et son adoption par l’ensemble de la chaîne de valeur est source de gains de productivité pour tout le monde, notamment sur des opérations par nature très consommatrices de ressources, avec une création de valeur forte pour les acteurs qui, comme les courtiers, sont très proches de la donnée client. Toutes ces thématiques seront d’ailleurs abordées le 29 janvier dans le cadre de la conférence Innovation Assurance 2026.
Enfin mon rôle spécifique d’administrateur est transverse avec naturellement un intérêt plus marqué pour l’assurance, domaine pour lequel France FinTech dispose d’une instance dédiée.
Sur l’IA, est-on entré dans une phase d’industrialisation ?
Je voudrais rappeler que l’assurtech travaille depuis longtemps sur des sujets d’automatisation et de machine learning, que les derniers développements de l’IA viennent encore accélérer. L’agentique, notamment, vient permettre de déployer les technologies basées sur l’IA de manière innovante.
Et l’émergence des problématiques de GEO (ndrl: Generative Engine Optimization) s’affirme comme un potentiel futur raz de marée dans un secteur comme l’assurance qui est l’un des premiers clients d’acteurs comme Google ou Meta s’agissant de la publicité en ligne.
Et puis, toujours sur les sujets de l’IA, nous commençons aussi à être capable de modéliser l’avenir, et notamment le risque climatique, de manière plus dynamique qu’historique, et donc de manière plus précise.
Dans le cadre de +Simple, votre stratégie est marquée par une logique d’acquisitions et de développement international. Ces leviers sont-ils majeurs pour une assurtech française ?
Ils sont assez spécifiques à notre positionnement : nos cibles consistent en des niches professionnelles – chauffeurs Uber, artisans, campings… – qui ne cessent de grossir mais sont souvent délaissées par des assureurs traditionnels car ces derniers ont des difficultés à les rentabiliser. Pourquoi ? Parce qu’adresser des niches nécessite des processus spécialisés dont la mise à l’échelle demande beaucoup de technologie mais aussi l’atteinte d’une certaine masse critique. C’est pourquoi nous avons énormément investi pour digitaliser ces processus d’une part et pour acquérir des grossistes d’autre part, de manière à pouvoir monter des partenariats pan-européens avec des consortiums d’assureurs.
D’une manière plus générale, l’assurtech en France se débrouille plutôt bien s’agissant de la croissance internationale, car nous avons la technologie mais aussi un cadre réglementaire européen, via la directive distribution en assurance, assez homogène. La croissance est donc assez rapide, mais consommatrice de fonds évidemment, et donc nécessite des financements sur des tickets significatifs. C’est l’un des enjeux.
Vous évoquez beaucoup la coopération entre assurtechs et assureurs traditionnels ?
Oui, car elle est vraiment au bénéfice des deux parties. Pour développer plus de fluidité chez les premiers, plus de couverture chez les seconds. Dans le cadre de France FinTech, l’axe de la coopération corporate-assurtech est de fait important, par le biais notamment de l’organisation de rencontres thématiques avec des Comex d’assureurs. Et un événement comme Innovation Assurance est un bon exemple également de la rencontre des deux mondes.
France FinTech est partenaire de la conférence Innovation Assurance 2026 le 29 janvier à Paris.
{{ config.conference.register }}